Intro – Je teste : Libérez votre créativité – Julia Cameron
Temps d’écoute : 15 minutes
Si tu préfères l’article lu…
Je ressens le besoin de travailler sur mon engagement. J’ai souvent tendance à m’éparpiller, à toucher à tout, mais sans faire preuve de discipline, de régularité. Je sais et je sens que ma Lune en Gémeaux est nourrie par cette façon de picorer des savoirs et des expériences à gauche à droite. Je ne veux donc pas éradiquer ce trait qui fait partie de moi (Oui, ça s’est mon accointance avec l’astrologie qui s’exprime – J’y consacrerai un article tout prochainement).
Par contre, j’ai envie d’apprendre et surtout, de goûter à ce que ça fait, là à l’intérieur, d’être régulière, de m’atteler de manière quotidienne, à une tâche définie et d’en goûter l’évolution et les effets au fil du temps qui glisse.
Ce sera ma deuxième expérience du même type. Pour tout te dire, l’année passée, de manière répétitive, comme si une petite fée coquine avait le secret espoir de me passer un message, j’entendais parler du pouvoir des habitudes dans le processus de réalisation de ce qui nous tient à coeur. Du coup, j’ai décidé de tester l’implémentation d’une toute petite habitude… et cela fait maintenant plus de 14 mois que ça dure, à l’heure où je t’écris cet article. L’idée était de greffer une petite action à une habitude déjà en place. Ici, la minute durant laquelle mon café du matin se love dans mon grand mug transparent (tu sais ceux avec une double paroi qui ne te brûle pas les mains – j’adooooore).
Elle peut sembler futile mais cette expérience m’apporte bien plus que sa visée initiale. Je voulais expérimenter si, effectivement, je tenais le coup sur la longueur. J’ai choisi un exercice pour affiner la taille ( si tu veux le connaître, dis-moi ). Mère Nature m’a donné des hanches étroites et pas de taille marquée. Du coup, ce petit exercice me semblait parfait à la fois pour son utilité formelle mais aussi pour ce qu’il allait me permettre d’expérimenter en terme d’engagement. Plus d’un an après, mon corps a vraiment changé! Mais surtout, je me sens fière de ne jamais manquer un jour. J’aime cette sensation de fiabilité, de régularité… et je suis en joie d’observer les résultats concrets dans la matière.
Toutes mes bonnes résolutions sont toujours passées à la trappe. Sauf celle-ci. Pourquoi ? Elle est simple, courte et surtout, et c’est essentiel, je l’ai liée à une habitude déjà bien ancrée. C’est ce que je vais tenter avec cette expérience. Qu’il pleuve, grêle, vente, chaque matin, après mon café-affine-taille, je m’attablerai avec Julia Cameron pendant 25 minutes (ou plus).
Pourquoi ce livre ?
D’abord parce qu’il dort dans ma bibliothèque. Je tente (sans beaucoup de succès, je l’avoue) de ne pas acquérir de nouveaux petits bijoux avant d’avoir, enfin, lu tous ceux qui tapissent déjà les murs de ma chambre. Je l’avais commandé essentiellement suite aux conseils d’une amie et les commentaires sur ce bouquin étaient dithyrambiques. Plusieurs années après, il est considéré comme un livre culte, vendus à plus de 4 millions d’exemplaires… Curieuse, je suis ! Ensuite, je suis plutôt une personne créative, j’aime ça, créer, et il me fallait, pour cette expérience d’engagement-régularité, un sujet vers lequel je n’allais pas entrer à reculons. Thème parfait s’il en est.
Enfin, un précepte du bouddhisme zen que j’apprends à faire mien est le suivant : shoshin, « l’esprit du débutant ». J’y consacrerai aussi un article tout prochainement. Il nous invite à conserver un regard neuf et ouvert sur tout (et surtout sur ce que nous pensons maîtriser et/ou connaître). C’est cet oeil avide de découvertes que je pose sur ce bouquin. Go !
Premières impressions
Pour ce démarrage, je me plonge dans les pages qui précèdent les expérimentations de la semaine n.1. Cinquante-sept petites pages qui donnent le ton et nous préparent pour ce périple de 3 mois. En écrivant cet engagement, je sens une part de moi qui n’a qu’une envie : faire machine arrière et grimacer comme un enfant à qui maman présente un plat d’épinards filandreux (souvenir, souvenir).
Quelqu’un en moi n’aime pas les contraintes. Il veut être libre, vagabonder, expérimenter en fonction du mood du moment. Je constate que je suis donc en train de m’imposer une activité qui me semble contre nature. Je me souviens aussi que chaque expérience, agréable ou pénible, peut m’en apprendre sur moi-même, le monde, les autres. Alors, je garde le cap et m’avance dans la lecture.
Julia nuance d’emblée son propos. Il ne s’agit pas de nous enseigner comment être créatif, mais bien de nous emmener dans des terres où nous nous donnons la permission de l’être. Au départ, je me dis « ok, moi, c’est facile, je m’ autorise déjà »… pourtant, rapidement, des bribes du passé crispent un peu mon coeur s’alourdissant soudainement.
Souvenirs
Je me revois en sixième primaire, au cours de dessin, je reçois une remarque sur le manque de précision de mes petits carrés de couleurs alignés sur le papier noir. Une voix en moi assène : « Tu ne sais pas dessiner toi, Delphine ». Un an plus tard, alors que j’ai baladé ma joie dans les cours de danse depuis mes six ans, me voilà catapultée au Conservatoire. Le petit groupe bienveillant fait place à une salle immense, des règles qui m’engourdissent, les danseuses gentiment classées par ordre alphabétique… et par forme de corps aussi. Une voix en moi assène « Tu ne sais pas danser toi, Delphine ». 19 ans, cours de chant durant ma première et seule année à l’Institut des Arts de Diffusion. J’y mets tout mon coeur. Je me sens vibrer. L’autre élève me félicite, se tourne vers la prof pour lui dire « c’est wouaw hein » et je l’entends encore : « Mwouais mais elle a le même problème que Machin ». Une voix en moi assène : » Tu ne sais pas chanter, toi, Delphine ».
Piouuuu. Emotions.
Ce n’est pas la faute des autres si, suite à ces bouts de vie, je me suis censurée. Je n’ai plus dessiné. Je n’ai plus dansé. Je n’ai plus chanté. Ce n’est pas de la responsabilité des autres si j’ai figé des idées sur qui je crois être et ce que je ne sais pas faire. Je ne sais pas dessiner. Je ne sais pas danser. Je ne sais pas chanter. Ô, bien sûr, les éduquants de tous types auraient grand besoin d’être sensibilisés sur le pouvoir de leur présence, de leurs mots, de leurs gestes. Heureusement d’ailleurs que la merveilleuse enseignante qui m’a appris à lire et à écrire a de formidables talents du coeur et elle, avec d’autres ensuite, ont pu m’insuffler le goût des lettres qui s’enlacent…
Non. C’est moi qui ai tiré des conclusions à partir de ce qu’un humain, un jour, m’a dit. C’est ce qu’on appelle les fameuses croyances qui nous limitent.
Et s’il était enfin temps de m’en libérer entièrement?
Créer, c'est poser dans la matière ce qui nous est murmuré
Deuxième notion introductive, celle du Flux créateur, de la Source, de Dieu (peu importe comment tu le nommes) qui serait comme "une main plus puissante que la mienne et qui nous entraine", nous dit Julia. Je constate que mon esprit du débutant est mis à rude épreuve. Il colle déjà des étiquettes : "Oui, ça je connais, c'est ce que j'expérimente quand j'écris ou durant certaines consultations avec mes clients". Cette sensation est tellement époustouflante. J'ai alors la sensation d'être un roseau au service d'une énergie puissante universelle. Elle me traverse et agit à travers moi. Je deviens outil d'une vaste conspiration créative. Soshin va me demander d'appréhender ces moments de grâce comme si je les expérimentais pour la première fois.
Je songe à Michelangelo qui disait : " J'ai vu un ange dans le marbre et j'ai seulement ciselé jusqu'à l'en libérer" ou William Blake : " Je ne fais rien. L'Esprit sacré accomplit tout à travers moi". Tous nous rappellent ce vent divin inspirant qui chatouille qui Calliope, qui Euterpe ou Thalie. L'as-tu déjà croisé ce souffle glissant d'autres mondes jusqu'à toi ? L'écoutes-tu ? Que t'invite-t-il à créer ?
Note à moi-même : faire encore plus de ce qui me met en joie.
Les outils de base
Au creux de cette dernière partie introductive, l'auteure nous invite à pratiquer quotidiennement deux exercices : les Pages du matin et le Rendez-vous de l'Artiste.
Le premier consiste à écrire, chaque matin, trois pages manuscrites dans lesquelles nous laissons libre court à nos pensées. Leur visée est de déposer sur le papier ce qui encombre notre esprit afin de créer de l'espace pour ce qui a besoin d'être matérialisé. Il ne s'agit pas de "faire du beau" , mais bien de noter tout ce qui nous passe par la tête. Julia insiste également sur notre fameux Censeur, cette voix en nous qui nous critique, nous et nos actions. La première étape est de la remarquer et de noter quand elle s'exprime. J'aime l'idée de la représenter. Elle propose un requin ou un serpent, étiquetés plutôt défavorablement.
Dans mon expérience, j'ai remarqué que cette voix en moi qui limite, diminue, casse, restreint veut en quelque sorte me garder en sécurité (selon elle) en m'empêchant de rayonner, en me dissuadant d'innover, tester, tenter, apprendre. Elle veut du stable et déteste le changement. Elle veut le statut quo qu'elle juge sécurisant et contrôlable. Son objectif est favorable dans l'absolu. Si je la combats, elle se fait plus forte et l'énergie que je dépense à "lutter contre" est importante. Inversement, si je lui dis que je comprends son intention mais qu'aujourd'hui, j'ai vraiment très envie de peindre quel qu'en soit le résultat, mon corps se détend. L'idée de Julia en tous cas est de considérer ce qu'elle dit comme un mensonge. L'objectif de ces pages est d'arrêter de juger. Elles sont non négociables, ce qui nous permettra de vous rendre compte qu'il n'y a pas besoin d'être dans un bon mood pour créer.
Cela m'a fait penser à un échange avec une personne chère à mon coeur qui me disait ne plus pouvoir créer durant une période de difficultés relationnelles. Je sens pourtant profondément qu'en déposant sur le papier quotidiennement ce fardeau, l'espace propice pour découvrir des solutions surprenantes mais aussi pour que de nouvelles pensées émergent allait pouvoir naître. De la même façon, je sais que j'ai pu écrire des textes très vibrants lors d'une rupture ou de moments de désespoir et de tristesse intenses. Nul besoin d'être heureux.se et en pleine forme pour créer. Que du contraire dirais-je même (euh... nul besoin d'être malheureux non plus... tu m'as comprise hein! ).
Si, avec les Pages du matin, nous émettons (nous déposons l'intérieur vers l'extérieur), le second outil nous pose en tant que récepteur. L'idée est de consacrer une plage de temps hebdomadaire à notre enfant artiste intérieur (sans personne d'autre à ses côtés). Film, promenade, découverte d'un lieu,... afin de le nourrir, de prendre de l'extérieur vers l'intérieur. Je remarque qu'il va de pair avec le concept qu'elle cite ensuite : le puits intérieur, le réservoir artistique
L'idée est la même, nous bâtir une véritable hotte de Père Noël en stimulant nos cinq sens qui créeront des images à compiler soigneusement afin d'alimenter notre Art, notre Vie. Mmmmmh cette invitation génère en moi une jolie brassée d'idées et je pense également aux ateliers d'écriture intuitive que je mûris en ce moment. Ma hotte à moi, je la compile dans l'application Bear sur Apple (j'y consacrerai un article tout bientôt tellement elle facilite ma vie de Nana-aux-400000-idées-à-la-minute).
Allez, hop, je signe le contrat proposé par Julia et je te retrouve la semaine prochaine pour le bilan de ma semaine n°1.
Et toi, dis-moi, as-tu expérimenté ces douze semaines ? Connais-tu ce livre ? Quel est ton lien avec l'engagement de manière générale ?
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